INFANS - Série photographique

INFANS est un terme latin. Composé de la négation « IN » et de l’infinitif présent « FARI » signifiant « Dire », « Parler ».

INFANS signifie « sans parole » ; « qui ne parle pas ».

INFANS est à l'origine du mot « ENFANT », du petit enfant.

Cet enfant est, de fait, un observateur silencieux du monde qui l’entoure. Un témoin forcé à subir le quotidien dans lequel il grandit, un être séquestré dans son mutisme.

Il regarde, il imite les gestes, les intonations, il partage ce que les autres ressentent, il lit les expressions sur les visages, il touche avec ses mains, avec sa bouche, il écoute, il apprend, il enregistre.

Ces données accumulées dans la mémoire consciente et/ou inconsciente durant cette période que je nomme INFANS permettront à l’individu de se construire en tant qu’adulte, on parle couramment de « base » ou des « fondations » d’une personne.

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En France, une femme sur dix est victime de violence conjugale.
Une femme meurt tous les 3 jours sous les coups de son conjoint.
Ces femmes sont aussi des mères, ces hommes sont aussi des pères.
Qu’en est-il de ces enfants ?
Ces enfants qui voient, qui entendent, qui vivent avec la peur et la violence dans le silence.

Il existe un mot pour nommer ces enfants-là. Il fallait un mot teinté de nuances, un mot qui exprime des marques indélébiles mais invisibles, un mot, presque une image. Ils* ont choisi le mot « exposé », on parle donc d’enfants «exposés» aux violences conjugales.

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Je suis devenue photographe dans ma période INFANS.
Le projet INFANS est composé d’une série de photographies en Noir et Blanc, de vidéos et de textes.

INFANS est la première série réalisée par DBR vers ses 2 ou 3 ans, elle s’est inscrite dans sa mémoire, en latence, en attendant d’être révélée.



*L’ONED : Observatoire National de l’Enfance en Danger.
« Historiquement l’expression « exposer un enfant » signifie avant le XIVème siècle « l’abandonner dans un lieu écarté
ou désert », puis à l’époque classique « laisser sous la menace » (d’un danger, etc.) et au XIVe siècle « mettre en danger» (« exposer sa vie »). L’enfant « exposé » est celui qui n’est pas « protégé ». L’accent est mis de manière dynamique sur la menace qui pèse sur l’enfant, renvoyant à la nécessité d’agir pour le mettre à l’abri. »
Extrait du rapport d’étude sur «Les enfants exposés à la violence conjugale - Recherches et Pratiques - » rédigé par Nadège SÉVERAC, sociologue, chargée d’étude à l’ONED. Décembre 2012.